Mai 2021 – Les cours des matières premières poursuivent leur hausse

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Par

Sabahudin Softic

Fondé de pouvoir | Conseiller institutionnel

“The costs are up, up, up. We’re seeing substantial inflation and are raising prices.”
« Les coûts montent, montent, montent. Nous constatonsde l’inflation de manière substantielle et ugmentons les prix. »

Warren Buffett, assemblée des investisseurs Berkshire Hathaway, 1er mai 2021

Ce commentaire de « l’oracle d’Omaha » lors de la dernière assemblée des actionnaires de son conglomérat et société d’investissement, Berskhire Hathaway, reflète le sentiment d’une partie grandissante des entreprises. En effet, selon Banque of America, l’inflation est mentionnée de manière grandissante lors des dernières assemblées des actionnaires des sociétés composant le S&P 500 (indice des actions américaines).

Ces inquiétudes concernant la hausse des prix sont pour le moment principalement tirées par la hausse des cours des matières premières.

Comme on l’a notamment mentionné dans des publications précédentes, les matières premières sont sur une tendance haussière. Le mois écoulé n’y a pas échappé, puisque le Rogers Commodity Index, qui est un indice globalement diversifié sur les matières premières, est monté de 5,70% (en CHF) sur le mois, et affiche ainsi une performance depuis le début de l’année de 24,97% (en CHF).

Bien que la majeure partie des classes d’actifs ont été orientées à la hausse en avril, les matières premières ont donc été le principal bénéficiaire, avec le cuivre en tête atteignant ainsi son record historique de 2011.

Pour le moment, les indices officiels des prix ne montrent pas de hausse de l’inflation, en partie car la plupart des grandes entreprises hedgent une partie de leurs coûts à moyen terme. Ceci peut être illustré par les déclarations du patron de Coca-Cola, à la chaine de télévision américaine CNBC, mi-avril. En effet, il a indiqué que sa société était couverte sur l’année 2021 mais allait devoir augmenter les prix de ses boissons par la suite pour faire face à la hausse des prix de matières premières.

Si l’inflation devait effectivement se matérialiser dans la hausse des indices des prix à la consommation suivis par les banques centrales, ces dernières devraient en théorie resserrer les conditions monétaires. Mais ceci n’inquiète clairement pas les marchés pour le moment. Les marchés actions continuent de battre de nouveaux records historiques et les taux obligataires, après une hausse initiale durant le 1er trimestre, semblent s’être stabilisés pour le moment.

Cette confiance est en grande partie due aux propos rassurants de Jérôme Powell, président de la Réserve fédérale américaine (FED). En effet, lors de la dernière réunion de la FED, fin avril, Monsieur Powell a indiqué que l’économie américaine se redresse grâce au progrès des vaccinations, et que l’augmentation des prix n’est que temporaire.

Contrairement aux dirigeants des grandes sociétés qui constatent dans leur business de tous les jours que les prix montent et commencent à s’en inquiéter, Monsieur Powell n’est donc pas de cet avis et considère que ce sera tout au plus provisoire.

Il est vrai que contrairement à l’Europe (eurozone) qui a poursuivi sur une croissance négative depuis le début de l’année (-2,38% annualisée), l’économie américaine a continué sa reprise durant le 1er trimestre. En effet, la première estimation du PIB annualisé de la plus grande économie mondiale, publiée fin avril, s’est affichée à 1,6%. Cependant, l’économie US a surtout été tirée par la consommation, rendue possible par la poursuite des plans de stimulus financés à crédit. Ceci se retrouve dans les chiffres de la balance commerciale américaine qui n’arrête pas de battre de nouveaux records déficitaires, mois après mois.

Une grande partie de ce déficit commercial provient des échanges avec la Chine, qui a elle-même poursuivi sa reprise durant le premier trimestre de l’année, avec une hausse du PIB annualisé de 0,6%.

Pour l’anecdote, on apprenait fin avril par le magazine Forbes que Beijing était devenue en 2020 la ville comptant le plus de milliardaires en USD (100 individus), passant ainsi juste devant New York (99 individus). Il s’agit là d’un signe supplémentaire de l’importance de plus en plus grande prise par la Chine et l’Asie en général.

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