Août 2021 – Le Parti communiste chinois fête ses 100 ans !

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Par

Sabahudin Softic

Fondé de pouvoir | Conseiller institutionnel

Durant le mois écoulé, les évolutions du PIB pour plusieurs régions du monde ont été annoncées. C’est ainsi que, d’après les premières estimations, l’économie américaine aurait crû de 6,5% en rythme annualisé, contre 8,2% pour la zone euro. Cette meilleure performance en Europe s’explique en partie par un effet de rebond en raison de deux trimestres successifs négatifs. La Chine a également annoncé une croissance positive durant le 2ème trimestre, avec une croissance annualisée de 5,3%.

Une grande partie des résultats des sociétés pour le 2ème trimestre a été annoncée durant ce mois de juillet. Dans l’ensemble, les résultats sont bons, mais à en juger par l’évolution des indices actions, ils n’ont pas nécessairement positivement surpris les investisseurs. En effet, exprimé en CHF, la majeure partie des indices ont soit stagné, soit se sont légèrement appréciés.

Une des exceptions notables à ce calme apparent est venue du marché chinois. En effet, exprimé en CHF, le marché des actions chinoises (MSCI China Index) a dévissé de 15,61% sur le seul mois de juillet, le plaçant ainsi parmi les rares marchés à être en baisse depuis le début de l’année (-12,22% en CHF). Cette baisse soudaine des actions chinoises s’est faite en raison d’une nouvelle réglementation des autorités du pays.

En effet, désormais il y sera interdit d’opérer des services d’éducation scolaire à but lucratif. Les sociétés qui offrent ce type de services se sont fortement développées en Chine ces dernières années. Il n’est pas rare pour les parents chinois, afin de donner les meilleures chances à leur descendance, dans une société chinoise toujours plus compétitive, d’inscrire leur enfant (au singulier car jusqu’à récemment il était interdit en Chine d’en avoir plus d’un, sauf certaines exceptions) dans une école privée en complément de l’école publique obligatoire.

Pour comprendre cette décision, il faut revenir à 2015, lorsque le Comité central du Parti communiste chinois avait pris la décision d’autoriser tous les couples, sans exception, à avoir deux enfants (récemment cela a été poussé à trois enfants). En effet, le problème du rapide vieillissement de la population chinoise, fortement aggravé par la politique de l’enfant unique, avait commencé à inquiéter les autorités, ce qui les a poussées à décider de cet assouplissement. Malheureusement, cela n’a pas eu les effets escomptés. Peu de couples ayant décidé de « profiter » de cette nouvelle liberté, le Parti communiste chinois (PCC) a décidé qu’il était grand temps de procéder à une nouvelle réglementation pour corriger la situation. Une des principales raisons de récalcitrance des parents chinois à avoir plus d’un enfant provient des coûts que cela engendre. Et un de ces coûts est l’éducation, d’où la décision du PCC d’interdire les services d’éducation privés à but lucratif.

Ce type de décision, arbitraire et soudaine, semble assez radicale, mais pas si rare pour le régime hautement centralisé chinois, ne connaissant pas véritablement le type de contre-pouvoir que l’on connait dans d’autres pays, dit « démocratiques ». C’est un état hautement centralisé qui peut, à tout moment, prendre des décisions arbitraires pouvant fortement impacter les investisseurs. Cela rappelle, si cela était encore nécessaire, qu’investir en Chine implique beaucoup de risques réglementaires malgré les importantes opportunités qui y existent.

Le 1er juillet 2021, le Parti communiste chinois fêtait ses 100 ans. Quoi qu’on pense du fonctionnement politique actuel de la Chine c’est une force avec laquelle il faudra compter dans les années qui viennent. En effet, la plupart des analystes s’accordent à dire que la Chine devrait, dans un avenir relativement proche, devenir la première économie mondiale. Une nouvelle fois, malgré les nombreux risques qui y existent, ceci représente bien évidemment une opportunité d’investissement, et de diversification, face aux économies développées occidentales.

Pour illustrer l’importance prise par la Chine ces dernières années, le graphique ci-contre montre qu’entre 2000 et 2020, la Chine a ravi la place des États-Unis, actuellement encore première puissance économique mondiale, dans l’importance des échanges commerciaux.

Ceci s’explique probablement en partie par le fait que les États-Unis ont de moins en moins à offrir, et s’illustre par le déficit record de la balance commerciale qui continue d’être battu mois après mois, et dont le record déficitaire a été une nouvelle fois battu en ce mois de juillet. D’ailleurs, une grande partie de ce déficit commercial se fait avec la Chine qui a progressivement repris les capacités de productions que les Américains ont perdues.

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