Février 2022 – La revanche des « bears »

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Par

Sabahudin Softic

Fondé de pouvoir | Conseiller institutionnel

Après la hausse historique (bull market) que l’on a connue en 2021, sur la majeure partie des indices actions, ce début d’année a été l’occasion d’une correction (bear market) finalement assez cohérente.

Les excuses pour justifier une baisse n’ont pas manqué en ce mois janvier. Les craintes sur la poursuite de la hausse de l’inflation, les tensions géopolitiques, que ce soit au Kazakhstan ou en Ukraine, même les discours et agissements des banques centrales, ont été autant de raisons qui ont participé à l’incertitude de ce début d’année. Paradoxalement, c’est le virus du Covid qui pour une fois a semblé être un élément rassurant, en raison de sa virulence moins importante qu’initialement anticipée. Plusieurs États ont soit commencé, soit parlent de commencer, à réduire les mesures de protection, qui sont autant de contraintes pour l’économie.

C’est finalement la Réserve fédérale américaine (FED) qui a été, une nouvelle fois, la principale influenceuse des cours boursiers. Cela a commencé en début de mois par la publication du procès-verbal (PV) de la réunion que le comité de la FED a eu en décembre. Pour rappel, les PVs sont publiés environ trois semaines après les séances et sont scrutés par les analystes dès leur publication. Il est ressorti de ce PV que lors de la séance de décembre les discussions auraient porté sur un possible resserrement monétaire plus rapide que ce qui avait été initialement attendu. Ceci a été confirmé suite à la réunion de la FED des 25 et 26 janvier 2022. En effet, lors de la conférence de presse qui a suivi, le président de l’Institut, Jérôme Powell, a laissé entendre que la fin des achats d’actifs devrait se faire fin mars et qu’une première hausse du taux directeur pourrait également intervenir à ce moment-là.

’’Devons-nous utiliser le rayon de la mort monsieur ?’’
’’Non, envoyons leur une hausse de taux’’

Suite à cela, on peut constater que le bilan final du mois écoulé a donc été négatif pour les actions, avec une baisse de 2,95% (en CHF) pour les actions mondiales (MSCI All countries Index). Dans les détails, on constate cependant de fortes divergences selon les marchés. Les actions technologiques (Nasdaq 100 Stock Index) ont par exemple chuté de 6,62% (en CHF), tandis que les actions des marchés émergents (MSCI Emerging Markets Index) ont fini le mois à l’équilibre, avec une hausse de 0,1% (en CHF). Les valeurs refuges se sont également bien tenues, avec une hausse des obligations internationales (FTSE World Government Bond Index) de 0,03% (en CHF) et de l’or (LBMA Gold Price Index) de 1,11% (en CHF).

La morosité ambiante sur les indices actions n’a néanmoins pas eu d’effet sur les cours des matières premières, qui, déjà après leur forte hausse en 2021, ont démarré l’année 2022 en trombe. L’indice global des matières premières, le Rogers International Commodity Index TR, a connu une hausse de 11,31% (en CHF) sur ce seul mois de janvier 2022. Cette hausse spectaculaire a été principalement tirée par la composante énergie de l’indice qui est monté de 21,84% (en CHF).

C’est ainsi que le cours du baril de pétrole se trouve désormais à des niveaux plus vus depuis 2014.

Avec la réouverture progressive des diverses économies, à l’instar de ce qu’a déjà fait le Royaume-Uni par exemple, en supprimant la plupart de ces mesures de lutte contre la pandémie, l’activité économique devrait retrouver un semblant de normalité. Les marchés actions vont donc probablement hésiter entre craintes de resserrement monétaire par les banques centrales et euphorie liée aux espoirs de voir la pandémie dans le rétroviseur.

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