Les marchés actions ont continué d’être orientés à la hausse durant ce mois de juin. Exprimées en CHF, les actions américaines (S&P 500 Index) sont montées de 0,43%, les actions européennes de 2,48%, celles des marchés émergents de 5,72% et les actions suisses de 1,55%. Les actions mondiales, exprimées au travers de l’indice MSCI All Countries, ont ainsi terminé le mois avec une hausse de 1,36% (en CHF).
Dans ce contexte, les traditionnelles valeurs refuges ont une nouvelle fois terminé en ordre dispersé, puisque, exprimées en CHF, les obligations internationales (Indice FTSE Government Bond Index) ont baissé de 0,74% tandis que l’or est monté de 0,72%, continuant ainsi sur sa régulière progression entamée l’année passée et terminant le mois à un plus haut de huit ans.
Les données macro-économiques se sont un petit peu améliorées par effet de base, suite notamment au redémarrage progressif des diverses économies, mais la situation reste globalement mauvaise à ce stade. Dans sa dernière analyse de la situation économique mondiale, le FMI a d’ailleurs revu ses prévisions à la baisse et s’attend désormais à une contraction de l’économie mondiale de 4,9% en 2020, alors qu’il s’attendait à une contraction de « seulement » 3% en avril
À l’image du président américain, dont la réélection en novembre dépend en grande partie de l’évolution économique dans les mois qui viennent, les marchés actions continuent de se montrer optimistes, ce malgré des annonces de faillites de sociétés et autres révisions à la baisse des attentes de revenus.
Un cas emblématique de cette situation paradoxale est la société Hertz, dont nous relevions l’annonce de mise en faillite dans notre commentaire du mois précédent. Un élément important à savoir est que les annonces de mise en faillite ne provoquent pas forcément une immédiate suspension de la cotation. L’action continue d’être échangée et son cours se dirige généralement vers 0, car dans la procédure de mise en faillite les actionnaires sont les derniers servis et in fine ne reçoivent généralement rien. Hertz est clairement dans ce cas, puisque le montant des actifs ne suffira même pas à honorer les dettes de la société, comme en atteste le cours des obligations qui, en milieu du mois de juin, se traitaient à environ 30%. Certains petits investisseurs, pour on ne sait pas trop quelle raison, ont alors commencé à acheter l’action de la société, malgré l’annonce publique de sa mise en faillite, poussant le cours de moins USD 1 à plus de USD 6.
Constatant cet intérêt soudain pour le cours de l’action, les dirigeants de la société ont décidé de faire une demande de levée de capital, sachant pertinemment que les actions émises tendraient vers 0, une fois la mise en faillite complétée, puisque l’émission devait servir à rembourser les porteurs d’obligation. Le juge en charge de la faillite a validé cette demande de levée de capital, mais l’autorité en charge de la surveillance des marchés financiers américains (SEC) y a mis son véto.
Le cas Hertz n’est pas nécessairement emblématique de l’entier du marché des actions, mais plusieurs autres exemples similaires, certes pas aussi absurdes, ont pu être constatés. Les investisseurs ont intérêt, plus que jamais, à bien faire attention à ce qu’ils achètent dans cet environnement étrange, entre pièges et opportunités, dans cette drôle de crise.