Février 2024 – Pas de « Dry January » pour les marchés financiers !

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Par

Sabahudin Softic

Fondé de pouvoir | Conseiller institutionnel

Depuis quelques années, le terme « Dry January » est devenu très à la mode. L’idée est qu’après la période de fin d’année, parfois prompte à quelques « excès » culinaires et surtout alcoolisés, on s’accorde une période de sobriété sur le premier mois de l’année. Si cette « tradition » a été plus ou moins respectée par certains d’entre nous, au niveau des marchés financiers cela n’a clairement pas été le cas.

L’euphorie présente sur les principaux indices en fin d’année passée a continué à se manifester en ce début d’année. Sur ce premier mois, les marchés actions ont continué de monter avec une hausse de 2,93% pour les actions internationales (MSCI World All Countries Index, en CHF, source Refinitiv), principalement soutenues par le marché américain en hausse de 3,93% (S&P 500 Index, en CHF, source Refinitiv). La plupart des autres classes d’actifs ont également terminé le mois en hausse. Du côté des quelques rares perdants, on peut citer les marchés émergents qui ont terminé en baisse de 2,42% (MSCI Emerging Markets Index, en CHF, source Refinitiv), principalement lestés par les actions chinoises en baisse de 8,53% (MSCI China Index, en CHF, source Refinitiv).

La principale raison de la poursuite de cet optimisme quasi généralisé reste l’attente du début de l’assouplissement monétaire. Cette attente dure depuis plusieurs mois et les banques centrales soufflent le chaud et le froid au fur et à mesure de leurs prises de paroles. Une nouvelle fois, suite à la réunion de la Réserve fédérale américaine (FED) des 30 et 31 janvier 2024, Jérôme Powell, son président, a modéré les attentes jugées trop optimistes. Il faut rappeler que ce même Jérôme Powell avait clairement tenté de faire comprendre, suite à la réunion de la FED de décembre, qu’une baisse du taux directeur allait bientôt arriver, pour donc se raviser en partie lors de la réunion de janvier.

De manière générale, la FED, comme les autres banques centrales, continue d’insister sur le fait que toute décision dépendra des indicateurs économiques. À savoir, en premier lieu, de la poursuite ou non de la modération des taux d’inflation, qui sont clairement sur un trend baissier, en conformité avec la volonté des banques centrales, mais pas encore à un niveau jugé tout à fait acceptable pour ces dernières. L’autre élément concerne la santé générale de l’économie, qui actuellement, sans être nécessairement très bonne dans toutes les régions, n’est pas encore jugée suffisamment mauvaise pour justifier une intervention monétaire, alors que l’inflation n’est pas encore tout à fait dans les clous.

Du côté des données économiques justement, la croissance du PIB de plusieurs régions concernant le dernier trimestre 2023 a été publiée courant janvier. Les États-Unis ont continué à surprendre à la hausse avec une croissance sur le dernier trimestre 2023 de 3,3%, alors que la médiane des analystes attendait une croissance un peu plus faible. Ceci résulte en une croissance américaine sur l’ensemble de l’année 2023 estimée à 2,5%.

L’Europe n’a quant à elle pas déçu puisque la croissance sur le dernier trimestre a été proche de 0%, comme attendu, et permet à la zone euro d’afficher une croissance également proche de 0% sur 2023, conformément aux prévisions des analystes. Pour finir, la Chine a continué à répondre aux attentes avec une croissance de 5,2% en 2023, mais semble tout de même décevoir les marchés. En effet, depuis plusieurs mois, alors que les données macroéconomiques chinoises sont globalement conformes aux attentes et régulièrement meilleures que les données européennes et américaines, le marché actions continue sur une tendance négative. Il est vrai que la Chine a des difficultés concernant l’immobilier depuis quelque temps, ce qui pourrait expliquer en partie la prudence des investisseurs.

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