Les banques centrales ont dans l’ensemble poursuivi leur resserrement monétaire entamé ces derniers mois. La principale d’entre elles, la Réserve fédérale américaine (FED), a ainsi procédé à une nouvelle hausse de son taux directeur de 0,75% pour le porter à 1,75%, lors de sa réunion de juin. Cette nouvelle hausse, bien qu’étant en ligne avec les attentes du marché, est légèrement supérieure à ce qui avait été indiqué par la FED lors de sa précédente réunion. En effet, le pic d’inflation tant attendu ne semble pas encore s’être concrétisé, puisque l’inflation américaine a une nouvelle fois atteint un plus haut, avec évolution sur 12 mois se situant à 8,6% en mai (contre 8,3% en avril et 8,5% en mars). Ceci a rehaussé les attentes de marché quant à une politique de resserrement plus agressive.
La Banque Nationale suisse (BNS) a en revanche clairement surpris le marché, avec une hausse de 0,50% de son taux directeur, passant ainsi de -0,75% à -0,25%, lors de sa réunion de juin. De plus, la BNS a laissé entendre que le taux pourrait être une nouvelle fois remonté lors de sa prochaine réunion en septembre. C’est ainsi que le taux directeur sortirait enfin de la zone négative dans laquelle il se situe depuis janvier 2015. Cette première hausse intervenue en juin est néanmoins cohérente avec la hausse continue du taux d’inflation en Suisse à un niveau supérieur aux objectifs de la banque centrale.
Au niveau de la Banque centrale européenne (BCE), un début de resserrement est également attendu prochainement.
Ces resserrements monétaires généralisés sont devenus indispensables au vu de la poursuite continue de la hausse des taux d’inflation. Mais cela amène également des craintes quant aux impacts que cela aura sur l’économie et les marchés financiers. En effet, de plus en plus de signaux semblent indiquer que la majeure partie des économies développées risquent de prochainement entrer en récession. Et les États-Unis sont les plus à risques à ce niveau-là, puisque suite à une première contraction de -1,6% durant le premier trimestre, plusieurs indicateurs semblent prédire une nouvelle contraction durant le deuxième trimestre, ce qui ferait officiellement rentrer l’économie américaine en récession.
Sur le mois de juin, la quasi-totalité des classes d’actifs termine dans le rouge. Les marchés actions notamment ont accéléré la baisse déjà en cours, en affichant une performance de -8,85% (Indice MSCI All Countires, en CHF) sur ce seul mois. La baisse sur le premier semestre s’affiche ainsi à 16,28%. Les marchés obligataires poursuivent également leur baisse, en chutant de 3,27% (Indice FTSE World Government Bond, en CHF) en juin, ce qui amène leur performance sur le premier semestre à -10,47%. Les matières premières ont connu une violente correction, après des mois de hausse continue, en baissant de 9,89% (Rogers International Commodity Index TR, en CHF). La classe d’actif reste néanmoins en hausse de 28,78% sur l’entier du premier semestre. Fait étonnant dans ce contexte d’incertitude, même l’or a dévissé de 1,66% (LBMA Gold Price Index, en CHF) sur juin. Le métal jaune reste néanmoins en hausse de 4,94% sur le semestre.
Les banques centrales, en premier lieu la FED, se retrouvent donc dans une situation très délicate. Elles doivent lutter contre une inflation en continuelle hausse, mais cette lutte a dans le même temps des effets de plus en plus négatifs sur l’économie et les marchés financiers. Il faudra prochainement qu’elles choisissent entre le moindre mal.
À en juger par leurs actions passées, on peut s’attendre à ce qu’elles choisissent de finalement « tolérer » une inflation plus élevée plutôt que la poursuite de la récession si cette dernière devait effectivement se confirmer.