Décembre 2020 – Entre craintes et espoirs : le paradoxe continue

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Par

Sabahudin Softic

Fondé de pouvoir | Conseiller institutionnel

Alors que les craintes des conséquences économiques à venir, suite aux mesures de restrictions prises pour lutter contre le Covid-19, se font de plus en plus entendre, les marchés actions ont atteint de nouveaux sommets durant ce mois de novembre.

Le célèbre indice des actions américaines, le Dow Jones, a ainsi dépassé les 30’000 points pour la première fois de l’histoire, tandis que l’indice des actions mondiales (MSCI All Countries) a affiché sa meilleure performance mensuelle historique en finissant sur de nouveaux sommets.

Pour l’anecdote, et comme pour illustrer l’euphorie boursière en cours, l’actuel locataire de la Maison-Blanche pour encore quelques semaines, a convoqué, pour l’occasion, une conférence de presse le 24 novembre, jour où le fameux indice a dépassé les 30’000, pour s’en féliciter et s’en attribuer le mérite.

Beaucoup craignaient que les élections américaines amènent des turbulences sur les marchés, d’où la légère correction qu’une partie des principaux indices actions ont connu durant le mois d’octobre. Mais au final, tout s’est relativement bien passé, même si le candidat sortant ne souhaite pas admettre sa défaite, arguant qu’il y aurait de massives fraudes électorales, mais sans en amener de preuves concluantes.

Il va sans dire que du point de vue des investissements de tout un chacun, on ne peut que se réjouir de ces bons résultats boursiers. Il ne faut néanmoins pas se voiler la face, au niveau économique la situation est loin d’être réjouissante. Les espoirs de la mise sur le marché de manière imminente de plusieurs vaccins, présentés comme efficaces contre le Covid-19, redonnent quelques lueurs d’espoir. Mais, sans céder à la panique, il faut tout de même admettre que les dégâts économiques engendrés risquent de prendre du temps pour totalement se dissiper.

Pendant que l’Occident a continué d’être préoccupé par sa stratégie de lutte contre le Covid-19, accompagnée de ses divers confinements semblant être sans fin ainsi que par les élections américaines, de l’autre côté du Monde, les pays de l’Asie-Pacifique ont annoncé le Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP).

Ce nouvel accord commercial, signé en novembre durant le sommet annuel (tenu en virtuel) de l’ASEAN (Association of Southeast Asian Nations) englobera les pays de l’ASEAN ainsi que la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Le RCEP, en discussion depuis 2012, devient ainsi le plus grand accord de libre échange au Monde, puisqu’il englobera environ le tiers de l’activité économique globale. Il semblerait ainsi que la stratégie américaine, de tentative d’isolement de la Chine, n’ait pas porté ses fruits.

Dans ce contexte, les marchés actions occidentaux ont dans leur ensemble affiché un mois de hausse. Exprimées en CHF, les actions américaines (S&P 500 Index) sont montées de 9,59%, les actions européennes (MSCI Europe Net) de 15,58% et les actions suisses de 8,41%. Les marchés émergents (MSCI Emerging Mar-kets Net) n’étaient pas en reste, avec une hausse de 7,92% (en CHF). Les actions mondiales, exprimées au travers de l’indice MSCI All Countries, ont ainsi terminé le mois avec une hausse de 10,95% (en CHF).

Les traditionnelles valeurs refuges ont terminé en ordre dispersé. Exprimées en CHF, les obligations internationales (Indice FTSE Government Bond Index) sont montées de 0,33% et l’or (LBMA Gold Price) a connu une chute impressionnante de 7,48%, dans ce qui s’apparente à une baisse panique, mais reste tout de même en hausse de 8,87% depuis le début de l’année.

Cette violente correction des cours de l’or semble être d’autant plus exagérée, que le Dollar Index (DXY), qui mesure la performance du dollar contre un panier de devises a baissé de 2,31% après son rebond durant les deux mois précédents. En effet, de manière générale, les cours de l’or et du dollar ont tendance à évoluer en ordre inverse.

Entre les avancées sur la situation liée au Covid-19 et la finalisation des élections américaines, cette fin d’année s’annonce un peu plus mouvementée qu’en moyenne. On se réjouit de refaire le point début janvier et vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année.