Commentaire mensuel Septembre 2019

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Par

Sabahudin Softic

Fondé de pouvoir | Conseiller institutionnel

Tout comme le mois passé, ce mois de septembre a commencé par une escalade des tensions commerciales. À la surprise générale, et après avoir envoyé des signaux positifs fin août, les États-Unis ont annoncé, début septembre, leur volonté de rajouter de nouveaux tarifs sur les produits importés de Chine. Cette dernière a immédiatement répondu que des contre-mesures tarifaires seraient prises à l’encontre des produits importés des États-Unis. Les effets d’annonces et autres rumeurs quant à l’avancée des négociations commerciales entre les deux super puissances se sont ensuite poursuivis tout au long du mois. Le sentiment qui prévaut, concernant les tractations en cours, reste néanmoins globalement négatif.

Peu de signes d’amélioration de la conjoncture à venir sont à signaler sur le mois écoulé. Les différentes données macro-économiques ont eu tendance à stagner, voire à se détériorer, à l’instar de l’indice de production allemand, qui a connu une baisse spectaculaire ces derniers mois :

La situation allemande est particulièrement intéressante à surveiller, en raison de sa forte dépendance à l’économie mondiale en tant qu’importante puissance exportatrice.

Ces éléments négatifs n’ont néanmoins pas entamé l’humeur des investisseurs. Ainsi, sur le mois écoulé, les marchés actions se sont sensiblement renforcés. Exprimés en CHF, le marché américain est monté de 2,65%, le marché européen de 3,51%, le marché suisse de 1,43% et les marchés émergents, pris dans leur ensemble, de 2,69%. Les marchés actions globaux, exprimés au travers de l’indice MSCI World net, se sont appréciés de 2,91%. Par contre, après plusieurs mois de hausse continue, l’or a corrigé de 2,07%.

Cet appétit pour le risque a une nouvelle fois été tiré par les banques centrales, qui ont globalement répondu aux attentes de nouveaux assouplissements monétaires.

La réunion de la Banque Centrale Européenne (BCE), du 12 septembre 2019, a été hautement symbolique. En tant que dernière réunion de politique monétaire présidée par Mario Draghi, c’était en quelque sorte l’occasion de la passation de pouvoir entre Mario Draghi et Christine Lagarde, qui sera la nouvelle présidente de l’Institut.

En plus d’une baisse du taux directeur, passant de -0,4% à -0,5%, Mario Draghi a annoncé la reprise de l’assouplissement quantitatif, à hauteur d’EUR 20 milliards par mois, dès le 1er novembre 2019, coïncidant avec l’entrée en fonction de la nouvelle présidente de l’Institut monétaire.

Malgré un léger doute dans les quelques jours précédents la décision, la Réserve fédérale américaine (FED) n’a finalement pas non plus déçu les attentes. En plus d’une nouvelle baisse du taux directeur de 0,25%, Jérôme Powell a laissé la porte ouverte à une reprise éventuelle d’un assouplissement quantitatif, à l’instar de ce que va faire la BCE. Il faut dire qu’en plus des attentes des marchés, le président américain lui-même a continué à maintenir la pression sur la FED afin qu’elle se montre encore plus accommodante. Donald Trump n’a d’ailleurs, une nouvelle fois, pas caché sa déception suite à la réunion.

Cet activisme du président américain s’explique en partie par le fait qu’il joue sa réélection dans un peu plus d’un an. D’après les sondages, en cas de récession, le public américain tiendrait Donald Trump pour premier responsable.

Dernier élément à mentionner, des attaques sur les installations pétrolières en Arabie Saoudite, ayant en apparence totalement surpris la plupart des analystes, ont eu lieu. Ces attaques, revendiquées par les forces rebelles yéménites, en représailles de la guerre sanglante menée par le Royaume arabe au Yémen, n’ont étonnamment eu qu’un effet négatif de courte durée, que ce soit sur les marchés pétroliers ou en général.

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