Commentaire mensuel Juillet 2019

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Par

Sabahudin Softic

Fondé de pouvoir | Conseiller institutionnel

Suite à un mois de juin nettement orienté à la hausse, les marchés actions se sont une nouvelle fois relativement bien tenus durant le mois écoulé. Exprimés en CHF, le marché américain est monté de 2,79%, le marché européen a baissé de 0,63%, le marché suisse est monté de 0,73% et les marchés émergents, pris dans leur ensemble, sont restés stables, avec une légère hausse de 0,16%. Les marchés actions globaux, exprimés au travers de l’indice MSCI World Net, sont ainsi montés de 1,83%. Une fois encore, le principal soutien est venu des banques centrales.

En ce qui concerne les valeurs refuges, celles-ci ont été une nouvelle fois plébiscitées. Les taux obligataires de référence se sont contractés (voir commentaires ci-dessous) et les cours de l’or se sont à nouveau raffermis avec une hausse de 2,66% en CHF, pour atteindre des nouveaux plus hauts sur six ans.

Ce mois de juillet s’est terminé par ce que beaucoup ont qualitifé comme étant le plus important jour de l’année. En effet, la Réserve fédérale américaine (FED) a procédé à sa première baisse de taux directeur en plus de 10 ans. En plus d’une baisse de ce dernier, largement anticipée par le marché de 0,25%, la FED a également annoncé la fin immédiate de la réduction de son bilan (quantitative tightening) qui ne devait initialement être stoppée qu’à fin septembre 2019.

Les réactions sont mitigées entre ceux qui pensent qu’il s’agissait d’une baisse de taux inutile et ceux qui pensent que la baisse n’était pas suffisante.

Les principaux arguments qui auraient plaidé au maintien du statu quo sont le fait que les marchés actions soient au plus haut et que la situation économique ne justifierait pas totalement cette baisse. À titre d’exemple, la première estimation du PIB américain sur le 2ème trimestre, publiée quelques jours auparavant, était meilleure qu’attendu (2,1% annualisée vs 1,9%), bien qu’en ralentissement par rapport à celle du 1er trimestre (3,1%).

Les principaux arguments plaidant en faveur d’une baisse plus prononcée sont, à l’instar de ce qu’en pense le président américain, que les autres banques centrales sont nettement plus accommodantes et que les niveaux d’inflation sont relativement bas pour le moment.

Les marchés actions semblent donner raison au second camp, puisqu’après avoir évolué dans le vert tout au long de cette journée du 31 juillet 2019, les marchés actions américains ont terminé dans le rouge. Les investisseurs auraient donc voulu plus d’assouplissement de la part de la FED. La conférence de presse se son président, Jérôme Powell, suite à l’annonce de la décision, a accéléré la baisse. En effet, Monsieur Powell a semblé insinuer que cette baisse du taux directeur ne serait pas nécessairement suivie par d’autres baisses. Cela dit, dans la partie questions/réponses il a précisé sa pensée en laissant tout de même la porte ouverte à de nouvelles baisses lors des prochaines réunions de l’institut monétaire. Le marché s’est alors repris, mais en terminant tout de même la journée en territoire négatif.

Si l’on se fie au comportement de la FED depuis le début de l’année, ces décisions futures seront principalement impactées par la réaction des marchés actions. Si ces derniers baissent trop, de futurs assouplissements monétaires sont probables. La situation économique, ou même le niveau d’inflation, ne semblant plus être les principaux critères de décision.

À l’instar de la FED, la Banque centrale européenne (BCE) s’est également montrée accommodante suite à sa réunion du 25 juillet 2019. Bien qu’aucun changement immédiat n’ait été annoncé ce jour-là, la banque a clairement fait comprendre qu’elle était déterminée à faire monter les niveaux d’inflation et que de nouveaux assouplissements monétaires seraient à venir.

Dans ce contexte de poursuite d’assouplissements monétaires globaux, les taux obligataires se sont dans l’ensemble contractés. Le club des pays ayant des taux obligataires à 10 ans en territoire négatif s’élargit de plus en plus. À fin juillet, six États sont concernés (France, Allemagne, Suède, Pays-Bas, Suisse et Japon). Avec un taux obligataire à 10 ans de 0,28%, l’Espagne n’est pas très loin non plus. Sur des échéances plus courtes, cela étant déjà le cas.

Pour le moment, la Suisse est par contre la seule à avoir la totalité de sa dette obligataire se traitant à taux négatifs. Parallèlement à cela, une nouvelle étape a été franchie concernant les dépôts de liquidités. En effet, en fin de mois, on apprenait qu’UBS allait introduire des taux négatifs de -0,75% pour les clients privés ayant sur leur compte CHF 2 millions ou plus. Les autres banques suisses suivront probablement. Jusqu’à présent, uniquement les clients institutionnels étaient concernés par les taux négatifs sur les liquidités.

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