Commentaire mensuel Février 2020

Photo of author

Par

Sabahudin Softic

Fondé de pouvoir | Conseiller institutionnel

L’information la plus commentée durant ce mois de février a été le fameux virus venu de Chine, le Coronavirus ou COVID-19.

En ce milieu d’hiver, tout le monde ne parle que de ça et le niveau de psychose, amplifié par les médias, a eu un impact spectaculaire sur les marchés financiers.

Durant le mois écoulé, exprimé en CHF, le marché américain a baissé de 7,80%, le marché européen de 8,85%, le marché suisse de 7,56%. Les marchés émergents, pris dans leur ensemble, ont étonnamment mieux résisté, avec une baisse plus contenue de 4,82%. Il en a résulté que les marchés actions globaux, exprimés au travers de l’indice MSCI World net, se sont contractés de 8,03%.

Dans ce contexte de correction quasi généralisé des marchés actions, l’or a, pour le deuxième mois consécutif, pleinement joué son rôle de valeur refuge, en s’appréciant de 2,09% (LBMA Gold Price en CHF). Ceci a également été le cas pour le marché obligataire, puisque l’indice des obligations internationales (indice FTSE World Government Bond) est monté de 1,36% (en CHF).

Au-delà de l’importante baisse des marchés actions en ce mois de février, comparable à ce que l’on a connu en décembre 2018, il est à relever la spectaculaire rapidité de la baisse. Il s’agit de la plus rapide correction du S&P 500 depuis un plus haut (la célèbre baisse de plus de 22% le 19 octobre 1987 n’étant pas prise en compte, car elle ne partait pas d’un plus haut).

Au niveau mondial, ce sont plus d’USD 5 trillions qui ont été effacés des marchés actions mondiaux en l’espace de quelques jours. Il est cependant vrai que l’on partait de niveaux historiquement élevés comme le rappelait justement le très « bullish » président américain, peu avant que la correction ne commence, dans un tweet ayant très rapidement pris de l’âge.

Les semaines qui suivront nous permettront de constater si la forte correction ayant pris place aura été exagérée ou non. Mais il serait illusoire de penser que le Coronavirus n’aura pas ou peu d’impact sur l’économie, du moins de manière indirecte.

Les diverses mesures annoncées par les entreprises et les autorités (fermetures provisoires d’usines, annulations de diverses manifestations économiques et sportives, etc.) peuvent être considérées comme exagérées ou non, d’un point de vue sanitaire et préventif, mais leurs impacts négatifs sur l’économie, même si ce sera à court terme, est indéniable.

La principale question que tout le monde se pose est de savoir combien de temps l’épidémie et les mesures en place vont durer. Un point important à relever est que, sans nier la dangerosité du virus à ce stade, il n’y a officiellement pas eu plus d’infections et de morts que dans le cas de la grippe classique qui se produit chaque année et dont les malheureuses victimes sont les personnes les plus fragiles. Mis à part les cas de personnes qui décèdent de cette nouvelle forme de grippe, les mesures mises en place risquent d’avoir plus d’impact négatif que le virus lui-même.

Une personne qui perd sa source de revenus en raison d’un ralentissement économique, provoqué par des mesures prudentielles trop drastiques, et ne pouvant plus nourrir sa famille étant une tragédie en soi.

Contrairement aux autres coups de chaud que l’on a connu sur les marchés ces dernières années, les éventuelles actions qui seront prises par les banques centrales pour redonner de la confiance, en ce qui concerne l’économie et les marchés financiers, sur le court terme, semblent à priori inappropriées.

Peu importe leurs actions dans l’économie financière, l’économie réelle ne pourra potentiellement reprendre sa trajectoire normale tant que les entreprises et les autorités des divers états n’auront pas décidé que les mesures de contraintes prises soient amoindries ou stoppées